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"Yannick" : Quentin Dupieux réunit Raphaël Quenard, Blanche Gardin et Pio Marmaï dans une folie furieuse

Quentin Dupieux réussit encore à nous scotcher dans son univers schizo au-delà du non-sens, avec Raphaël Quenard, Blanche Gardin, Pio Marmaï et Sébastien Chassagne
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Raphaël Quenard dans "Yannick" de Quentin Dupieux (2023). (DIAPHANA DISTIBUTION)

Le nouveau Quentin Dupieux (Fumer fait tousser, Incroyable mais vrai, Le daim) creuse un peu plus sa filmographie de l’absurde et du non-sens, avec Yannick, dans les salles mercredi 2 août. Toujours servi par un casting de première classe, il invite Raphaël Quenard à jouer Yannick, spectateur qui, depuis son fauteuil, interpelle des acteurs sur scène : Blanche Gardin, Pio Marmaï et Sébastien Chassagne. Sa réclamation : la soirée ratée qu’il subit par leur faute. Du pur Dupieux, hilarant.

Le Bal des schizos


Sur une scène de théâtre, un couple dîne avec l’amant de Madame dans un mauvais vaudeville. Soudain, un spectateur se lève et interpelle les acteurs. Il s’appelle Yannick et passe "vraiment une mauvaise soirée", parce que la pièce est nulle et qu’ils jouent comme des pieds. Le dialogue s’engage entre les quatre, sans que le public ne réagisse, jusqu’à ce qu’il soit pris à partie.

Quelle "poilade". Quentin Dupieux nous emmène dans une situation dont il a le secret, incongrue, extrême et assumée. Raphaël Quenard, vu dans Fumer fait tousser, Coupez, Novembre, Mandibules, joue les grands dadais, naïf et vindicatif, comme échappé d'un H.P. En face, "leurs bras en tombent" : perdent pied. Le temps d’un moyen métrage d’une heure sept, Dupieux se lâche sur les artistes et le public, dans un premier et second degré schizo, où le burlesque, n'est plus physique, mais pataphysique. Le slapstick est dans le verbe.

Comique vertigineux


Dupieux développe une rhétorique du paradoxe dans ses films en se renouvelant à chaque fois. Un pneu est un serial killer, un pavillon de banlieue cache une porte spatiotemporelle, un accusé devient bourreau, une mouche géante est découverte dans le coffre d’une voiture volée… Si l’on n’entre pas dans l’axiome de son délire, aucune chance d’y adhérer. Il y a du Monty Pythons chez Dupieux, de l’absurde et du nonsense britannique, français, Dada, belge, néerlandais... Une Internationale nonsensique du sens, "loufoque" à la Pierre Dac.


L’échange entre Yannick et les acteurs de la pièce traverse une gamme de tons qui passe de l’étonnement, à la négociation, à la panique, à l’implication du public sur l'écran, et enfin, à celle du spectateur dans la salle de cinéma. Le cadre du théâtre met en scène l’essence de la dramaturgie antique où le public interpellait les comédiens. Fellini en avait reconstitué une représentation dans une scène burlesque de Satyricon (1970). Dupieux, lui, orchestre un crescendo dramatique où chaque réplique est une surprise, une relance, d’un comique vertigineux qui dynamise le texte. La mise en scène joue d’un montage court sur les personnages cadrés à chaque réplique, alors que l’on pouvait s’attendre à des plans séquences. Encore un paradoxe. Incroyable tour de passe-passe, le film réjouit encore longtemps après sa vision. Enchanté, Yannick.

L'affiche de "Yannick" de Quentin Dupieux (2023). (DIAPHANA DISTIBUTION)

La fiche

Genre : Comédie
Réalisateur : Quentin Dupieux
Acteurs : Raphaël Quenard, Blanche Gardin, Pio Marmaï et Sébastien Chassagne
Pays : France
Durée : 1h07
Sortie : 02 août 2023
Distributeur : Diaphana Distribution

Synopsis : En pleine représentation de la pièce "Le Cocu", un très mauvais boulevard, Yannick se lève et interrompt le spectacle pour reprendre la soirée en main...

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